Bruit gris
Dans ce texte, je retrace mon premier contact avec le concept de sympoïèse pensé par Beth Dempster. Après un bref retour sur le concept d’autopoïèse, je poursuis ensuite avec l’analyse du caractère sans frontières (boundarylessness) de la sympoïèse, telle que présentée par Dempster dans un schéma qui accompagne un de ses textes (1999). L’absence de frontières peut laisser perplexe. Comment s’allier ou s’agencer s’il n’y a pas de distinctions ? Comment s’active un partage ?
Le schéma visuel de Dempster rappelle la qualité de bordures floues produites avec l’outil de dégradé numérique dans un logiciel de traitement de l’image. Cette option emploie la fonction du dithering. En anglais, le mot dithering signifie une hésitation, un ébranlement ou un frémissement. Quel rôle ce trouble joue-t-il pour saisir les dynamiques d’un écosystème sans frontières avec la sympoïèse ? Avec la pensée de Robin Wall Kimmerer, il devient possible de saisir ce qui scande les processus de partage s’effectuant dans les zones agitées, les contours d’ouverture et de confluence entre forces et matérialités, une expression des degrés d’association ou de turbulence entre organismes et écosystèmes, entre abattages et essouchements d’arbres.
Texte rédigé par Gisèle Trudel pour la plateforme Sympoïétiques produite par Hexagram dans le cadre de ses Rencontres interdisciplinaires, édition 2020.
Photo : GT